1. Un coup sur la tête, un saut dans le temps Hank Morgan était un homme qui s'y connaissait en machines. Au XIXe siècle, il travaillait comme mécanicien qualifié et directeur d'usine à Hartford, dans le Connecticut. Hank n'était pas seulement habile de ses mains, il avait aussi la langue bien pendue. Son esprit vif lui attirait souvent des ennuis, et son tempérament?Un jour, Hank s'est retrouvé dans une altercation avec un collègue nommé Hercule. Et Hercule portait bien son nom. Ce type était bâti comme une armoire à glace, avec des bras comme des troncs d'arbre et un caractère qui aurait fait passer un volcan pour un agneau.L'atmosphère était électrique et on pouvait presque voir les étincelles voler entre eux. Avant que quiconque puisse intervenir pour mettre fin à la dispute, Hercule a pété les plombs. Ses yeux se sont posés sur un pied-de-biche à proximité, et à cet instant, on avait l'impression de voir un désastre se dérouler au ralenti.Le pauvre Hank n'a rien vu venir. Le pied-de-biche s'est écrasé sur sa tête dans un bruit sourd et écœurant, et il s'est effondré. C'était comme regarder une marionnette dont on aurait coupé les fils.Lorsque Hank reprit enfin connaissance, il eut l'impression qu'un troupeau d'éléphants avait dansé la gigue sur son crâne. Sa tête le lançait terriblement et quand il ouvrit les yeux, il crut rêver. Les images et les sons familiers de l'usine avaient disparu. Fini le cliquetis des machines et l'odeur de l'huile et de la sueur.Des champs verdoyants s'étendaient à perte de vue, parsemés de fleurs sauvages de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. L'air était vif et pur, imprégné du doux parfum de l'herbe et de la terre.Hank se leva en titubant, aussi gracieux qu'un poulain nouveau-né. Ses jambes flageolaient et son esprit tournait comme une toupie. Il se sentait comme un poisson hors de l'eau, soudainement arraché à son océan et jeté au milieu d'une prairie.Alors qu'il errait sans but, essayant de comprendre sa situation, Hank ne pouvait se défaire de l'impression d'être tombé dans un terrier de lapin. Le soleil était chaud sur son visage, et une légère brise faisait bruisser les hautes herbes, les faisant onduler comme des vagues sur la mer. C'était paisible, certes, mais aussi très déconcertant. Où diable était-il?Alors que Hank commençait à se demander s'il n'avait pas perdu la boule, il entendit le bruit de sabots qui s'approchaient. Il se retourna, s'attendant à moitié à voir un fermier à cheval venir le chasser de ses terres.Un véritable chevalier en armure étincelante chevauchait dans sa direction, comme sorti tout droit d'un livre de contes. Le soleil miroitait sur le métal poli, donnant l'impression que le chevalier irradiait. Hank se frotta les yeux, persuadé d'avoir des hallucinations.Le chevalier, qui se présenta sous le nom de Sir Kay, semblait aussi déconcerté par Hank que ce dernier l'était par lui. Il regardait les vêtements d'usine de Hank comme s'il s'agissait d'une peau extraterrestre bizarre, son visage exprimant un mélange de confusion et de méfiance. Et quand Hank ouvrait la bouche? N'en parlons pas. Son argot moderne et ses références auraient tout aussi bien pu être du chinois pour Sir Kay.Ne sachant que faire de cet étrange étranger surgi de nulle part, Sir Kay décida de jouer la carte de la prudence. Il captura Hank, le traitant comme s'il représentait une menace ou, à tout le moins, une curiosité à examiner.Alors qu'ils approchaient du château, Hank en resta bouche bée. Camelot était un spectacle à couper le souffle, avec ses murs de pierre imposants et ses bannières colorées qui flottaient dans la brise. C'était comme entrer dans les pages d'un conte de fées. Mais pour Hank, cela ressemblait plus à un cauchemar.Dès qu'ils entrèrent dans la cour, tous les regards se tournèrent vers Hank. Les nobles et les courtisans le dévisageaient comme s'il était une bête de foire. Hank, qui n'a pas sa langue dans sa poche, se mit à clamer qu'il venait du futur.Le roi Arthur et ses conseillers écoutaient les récits de Hank avec un mélange de fascination et d'effroi. Pour eux, les connaissances de Hank sur l'avenir n'étaient pas une merveille du progrès, mais une menace.Avant même que Hank ait pu reprendre son souffle, il se retrouva arrêté et jugé. C'était un simulacre de procès, le sort de Hank étant scellé avant même qu'il ne puisse se défendre.Alors que Hank était emmené, son esprit s'emballait à toute allure. Il était passé du statut de directeur d'usine respecté à celui de condamné en un battement de cil. L'odeur de la fumée et le crépitement des flammes envahissaient ses sens, lui rappelant le sort qui l'attendait.Les gardes se rapprochaient, le bûcher se préparait, et Hank pouvait sentir la chaleur des flammes avant même qu'elles ne soient allumées. Son cœur battait la chamade et la sueur perlait sur son front. Il semblait que c'était la fin pour le vieux Hank Morgan. Mais alors que les premières volutes de fumée commençaient à s'élever, quelque chose s'agita au fond de son esprit. Une idée folle, un coup de poker, mais peut-être, juste peut-être, son ticket pour se sortir de ce pétrin.
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