Alphonse, le père de Victor, était un personnage incontournable de la politique locale. Toujours prêt à serrer des mains et à embrasser des bébés, c'était le genre d'homme qui connaissait le nom de tout le monde et même la date d'anniversaire de leur chien. Sa mère, Caroline, était une véritable sainte. Elle aurait donné sa chemise sans hésiter.Dès son plus jeune âge, Victor s'est révélé être un véritable puits de science. Il passait des heures plongé dans des livres scientifiques, absorbant les informations comme une éponge. Ses parents, ravis de sa curiosité, remuaient ciel et terre pour lui trouver les meilleurs professeurs et les kits scientifiques les plus sophistiqués que l'argent puisse acheter.À l'âge de cinq ans, les parents de Victor décidèrent de changer la donne. Ils adoptèrent Elizabeth Lavenza, une orpheline issue d'une noble famille italienne. Elizabeth apporta un rayon de soleil dans la maison des Frankenstein. Victor et elle s'entendirent à merveille et devinrent inséparables. En grandissant, tout le monde supposait qu'ils finiraient par se marier.L'enfance de Victor était un véritable conte de fées. Il avait Elizabeth, sa complice, et son meilleur ami Henry Clerval, dont le père tenait une boutique en ville. Tous les trois étaient comme les doigts de la main. Ils passaient leurs journées à explorer la campagne, à inventer des histoires rocambolesques et à rêver de leur avenir.Mais la vie n'est pas toujours rose. À l'adolescence de Victor, le malheur s'abattit comme un couperet. Sa mère, Caroline, contracta la scarlatine en soignant Elizabeth. C'était comme voir une flamme vaciller puis s'éteindre. Sur son lit de mort, Caroline fit promettre à Victor d'épouser un jour Elizabeth. Ce moment marqua Victor au fer rouge.La perte de sa mère fut un coup dur pour Victor. Cela laissa un vide béant dans sa vie, et il devint obsédé par l'idée de vaincre la mort. C'était comme si un déclic s'était produit dans son esprit. Soudain, toutes ces heures passées à étudier les sciences prirent un nouveau sens. Victor se mit à nourrir de grandes ambitions - il voulait percer les secrets de la vie et de la mort.En grandissant, cette obsession ne fit que s'intensifier. Victor se plongea dans l'étude de la philosophie naturelle avec une ferveur frisant la folie. C'était comme s'il tentait de surmonter son chagrin en se jetant corps et âme dans son travail.Les expériences de l'enfance de Victor l'avaient façonné d'une manière qu'il ne pouvait même pas comprendre. L'amour et le soutien de sa famille, la présence d'Elizabeth et d'Henry, et la perte dévastatrice de sa mère, tout cela tourbillonnait dans son esprit, le poussant vers un destin qu'il ne pouvait pas encore imaginer.Au fil du temps, la soif de connaissance de Victor ne fit que croître. Il passait des nuits entières à étudier des textes anciens, griffonnant des notes jusqu'à en avoir des crampes aux doigts. Ses yeux étaient injectés de sang à cause du manque de sommeil, mais peu lui importait.Puis, à l'aube de ses dix-sept ans, Victor prit une décision qui allait tout bouleverser. Il décida de quitter le nid familial pour aller à l'université. Les valises faites et la tête pleine de rêves de percées scientifiques, il jeta son dévolu sur l'université d'Ingolstadt. Le jeune homme était fébrile, prêt à se plonger corps et âme dans le monde de la philosophie naturelle et de la chimie.